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1/ Une vie de Zinc Le bar, ce lien social qui nous unit

Lancement 30 septembre 2010.


A partir d’une étude approfondie, Josette Halégoi et Rachel Santerne décryptent le rôle capital que joue le bar en France : créateur de lien social pour les clients et tremplin social et professionnel pour leur patron.

Ecrit par Josette Halégoi et Rachel Santerne
Photos
de Fabrice Dimier
Préface
de Vincent de Gaulejac
Editions
Le cherche-midi

Préface Vincent de Gaulejac

« Une ville sans bistrots, c’est une ville sans rencontre » nous dit Bernard Frank. Cité en exergue, ce propos illustre parfaitement le projet d’un ouvrage qui nous emmène à la rencontre des patrons de bars. À l’encontre de biens des idées reçues, cette promenade nous invite à visiter une galerie de portraits qui illustrent la pluralité des trajectoires « hypermodernes », là où la reproduction sociale est prise en défaut par des parcours singuliers et atypiques. Entre insertion professionnelle et revanche sociale, entre fidélité à ses origines sociales et ruptures de transmissions, entre modèle entrepreneurial et moyen d’échapper à la routine d’un travail peu gratifiant, entre reconversion professionnelle et tremplin pour une réussite future, les choix qui président à l’installation comme patron de bars sont multiples. Il n’y a pas de modèles en la matière mais une collection d’itinéraires qui influencent la façon dont cette fonction sociale va être habitée, cultivée, construite, réinventée à chaque fois. Parce tenir un bar, ce n’est pas seulement une activité commerciale, c’est une véritable institution sociale, créatrice de liens, de convivialité, un support essentiel de « l’être ensemble ».

Les bars sont des lieux de rencontre entre des hommes, le plus souvent, mais aussi entre des femmes, des couples. Ils cristallisent une façon de « faire société ». Ils sont pour une part la société toute entière, pour reprendre une expression d’Edgar Morin à propos de la complexité lorsqu’il nous dit que le tout est dans la partie. Les bars sont l’incarnation d’une multitude de petites sociétés qui s’inventent tous les jours. On y vient pour partager ses émois, ses espérances, les vicissitudes de la vie quotidienne, les grandes idées pour changer le monde.

« Créateur de lien social », le bar est un lieu particulier, intermédiaire entre l’espace public et l’espace privé. Ouvert à tous, il est pour beaucoup un lieu familier où se nouent des relations singulières qui tranchent avec les autres relations, familiales, amicales, professionnelles, par leur caractère à la fois éphémère et continu, épisodique et quotidien. On y échange des émotions et des opinions, parfois des confidences, avec d’autres, connus et inconnus, dans une intimité ouverte, un cadre protecteur, une familiarité anonyme, qui offrent une liberté d’expression. Il représente un espace transitionnel singulier comme un refuge, pour échapper aux tensions familiales ou professionnelles ; une « maison bis », pour compléter et ouvrir l’espace familial, un lieu de respiration, pour souffler un peu avant de retrouver l’air parfois confiné des espaces domestiques ; mais aussi une « maison communale », où se traite les affaires de la cité, lieu d’exercice d’une citoyenneté informelle, lieu primaire de la vie démocratique. On peut y débattre à volonté sur les choses du monde, se livrer à des joutes politiques infinies, décliner mille conjugaisons sur les affaires du moment. Le bar prolonge le jounal télévisé en offrant une reprise immédiate des informations qui vont être commentées « in live », évaluées et sous-pesées dans une cacophonie souvent revigorante alliant l’intelligence du sens commun à la démagogie la plus faconde.

Le bar est un des socles institutionnels de la société. Sans prétention ni formalisme, il incarne une fonction sociale indispensable sur différents plans. Il est un lieu d’apaisement où l’on peut s’épancher pour panser les petites et les grandes blessures de l’existence. Il est un espace relationnel pour partager les pots de l’amitié, protéger les amours clandestines et accueillir les rencontres éphémères. Il sert de lieu d’accueil et d’insertion pour les blessés de la vie, les exclus qui n’ont plus d’autres « patries », tous les « sans quelque chose » (papier, domicile, affection, famille, boulot…). Il est enfin un lieu de rencontre, prolongement du stade, du lycée, de la mairie et/ou de l’église, où l’on peut célébrer quelques cérémonies laïques et organiser des fêtes collectives.

Lieu pluriel, multifonctionnel, polysémique, il exige de la part de ceux qui les gèrent des compétences et des qualités singulières. Gérer un bar, ce n’est pas seulement s’occuper d’une entreprise, développer un commerce, faire des affaires en attirant le maximum de clients. C’est surtout s’occuper d’un monde, s’occuper du monde : accueillir, discuter, accompagner, recadrer ceux qui dérivent, écouter ceux qui ont besoin de parler, réguler les échanges plus ou moins vifs, recevoir des confidences, animer des ambiances, mettre en harmonie des attentes diverses, mais aussi savoir remettre de l’ordre quand les esprits s’échauffent. Le bar est un lieu de vie dont le patron est le garant, le meneur, l’animateur, l’inspirateur. Il n’existe pas d’autre formation pour cela que l’école de la vie. Les compétences ne font pas l’objet d’un référentiel établi si ce n’est qu’il faut avoir le goût des autres, une certaine ardeur au travail et ne pas chercher à économiser son temps.

L’ouvrage de Josette Halegoi et Rachel  Santerne nous fait découvrir un univers mal connu. La découverte d’un  métier à partir des histoires de vie de ceux qui l’exercent est une démarche précieuse. D’autant que la méthode retenue par les auteures est totalement inédite. Elles ont en effet invité une vingtaine de patrons, à travailler pendant trois jours sur leur roman familial et leur trajectoire sociale. Il s’agissait de groupes d’implication et de recherche qui consistent à explorer, dans une démarche à la fois individuelle et collective, les histoires de chacun, ses origines familiales, ses choix et ses ruptures de l’existence, sa trajectoire professionnelle. L’objectif est d’explorer l’articulation entre, d’une part, les éléments objectifs et sociaux et, d’autre part les éléments subjectifs et personnels dans le choix de ce métier. Il fallait des circonstances bien particulières pour que des patrons acceptent de se livrer ainsi, souvent avec beaucoup d’émotions. Dans ce métier, le parler de soi n’est pas monnaie courante. On écoute les autres mais on se livre peu. La démarche adoptée par les auteurs s’avère pertinente. Elle nous donne à voir des motivations insoupçonnées, des parcours insolites, des trajectoires inattendues. Elle permet de comprendre que, derrière les choix professionnels, sont à l’œuvre des choix existentiels qui sont au fondement des identités professionnelles et de ce qui fait la richesse de cette activité singulière.

Mais son plus grand mérite est, sans doute, qu’il nous donne envie d’aller boire un coup au zinc, de rencontrer leurs « patrons », de retrouver les « brèves de comptoirs » et les flots d’humanité qui en parfument l’atmosphère. »

Vincent de Gaulejac – Mars 2010

VieDeZinc4emeCouv

2/ Se libérer de son passé « J’ai suivi un séminaire de constellations familiales ».

Article paru  dans le magazine Psychologies du mois de décembre 2010. Par M. Chemin.

Secrets de famille, exclusions, deuils non-faits … Nous payons parfois les dettes de nos aïeux. Des loyautés invisibles, transmises d’une génération à l’autre, qui peuvent nous empêcher de rencontrer notre véritable potentiel. À l’occasion de la venue en France de la psychanalyste argentine Mabel Meschiany, spécialiste de psychogénéalogie clinique, notre journaliste a suivi un stage de deux jours. Récit d’une expérience riche en révélations.

« Chacun de nous est en tension entre deux forces : être soi-même, trouver son propre chemin de vie ; et être, au sein de sa propre famille, le maillon d’une chaîne millénaire qui nous unit les uns aux autres. » Assis en rond, le groupe écoute, attentif. Douze participantes de 25 à 65 ans, et un seul homme, Marc, qui ne semble pas moins à l’aise. Mabel Meschiany, psychologue clinicienne et psychanalyste argentine, nous parle en espagnol. À ses côtés, la co-animatrice Josette Halégoi, psychosociologue, assure la traduction. L’accent chantant apporte un peu d’exotisme à cette journée parisienne pluvieuse. « Un temps à s’occuper de soi ! » remarque ma voisine avec un grand sourire. Dans ce beau et vaste loft, murs bruts et poutres apparentes, j’attends la suite avec intérêt.
« La mémoire familiale nous influence bien plus que nous l’imaginons, reprend Mabel. Ensemble, nous allons tenter d’identifier ces loyautés inconscientes qui nous empêchent de choisir pleinement notre vie » Mes camarades semblent ravis et impatients. Un tour de présentation m’éclaire : presque tous ont déjà expérimenté les constellations familiales et la plupart sont thérapeutes. Je suis intimidée… et perplexe : pourquoi nous replonger dans notre cocon familial ? Il me semblait qu’il fallait au contraire s’en extirper pour aller vers son propre destin. « Nous appartenons à un système familial dont nous partageons l’inconscient, l’âme collective, m’explique Mabel. Lorsqu’il connaît un désordre (l’exclusion d’un de ses membres par exemple), il se construit avec ce déséquilibre et le transmet aux générations suivantes. » Moi qui ai toujours considéré la famille comme un nid de tensions, la perspective de m’y plonger deux jours durant ne m’enchante pas. Même si je veux bien admettre que ma réticence cache quelque chose…
Chacun doit d’abord préciser ce qui fait obstacle à son accomplissement. Certains ont déjà parfaitement identifié le poids d’un fantôme, à l’exemple de Marie : « Je sens que les femmes de ma famille portent un fardeau, et que cela m’empêche de m’engager dans mon couple. » D’autres, comme moi, ont des attentes plus floues. L’une de mes difficultés est que je ne tombe amoureuse. Mabel me propose donc de travailler sur ma relation avec mon dernier compagnon. J’accepte, curieuse de savoir ce que peut bien faire ma famille là-dedans.
Pour le premier exercice, nous nous mettons par deux. Je choisis Marie. Elle me paraît décidée, sûre d’elle. Tout ce que j’aimerais être. Chacune à son tour, nous devons trouver la meilleure place dans le contact avec l’autre. « Mettez vous dos-à-dos, de face, proches ou éloignés. Cherchez où vous vous sentez le mieux, quelles émotions vous ressentez vis-à-vis de votre partenaire,» explique Mabel. C’est Marie qui commence, je suis à sa disposition. Première sensation : j’ai envie de la prendre dans mes bras. Je la sens pourtant revendicative, hostile. Il nous faut du temps pour nous apprivoiser, pour qu’elle s’arrondisse et se laisse aller à la douceur. Josette Halégoi nous guide. Elle l’encourage à parler à son compagnon, que je représente. « J’aimerais qu’on baisse les armes, » annonce Marie dans un soupir. « Que ressent le mari ? » me demande Josette. « J’aime être ton repos du guerrier. » Marie reste encore un moment dans la chaleur du câlin, puis se dégage, la marque de mon pull incrustée dans la joue. « À qui es-tu si loyale quand tu veux faire la guerre aux hommes ? » lui demande Josette. « Il y a une vérité, mais ce n’est pas la tienne. » Puis, après un silence : « Parfois, on compense une injustice d’une autre époque, en cherchant par exemple à réparer le tort qu’un homme a fait à une grand-mère. On se sacrifie pour ne pas trahir son ascendance. » Marie acquiesce, comme si elle découvrait une évidence jusque-là cachée.
C’est mon tour. J’ai envie de me coller à Marie… qui s’écarte. Je ressens une immense détresse, une terrible peur de perdre mon ex-amoureux qu’elle représente. Les yeux me piquent, mon cœur se serre. Nous trouvons finalement une situation confortable pour nous deux : elle derrière moi, les bras grands ouverts. Je me sens attendue, aimée. Ça va mieux. Nous débriefons avec Josette. Je m’étonne de la force des émotions ressenties, mais je reste sceptique sur la transparence de l’exercice. Comment être sûre que je n’ai pas influencé l’expérience de Marie en y projetant mes désirs ? Josette et Mabel me répondent : « Vous n’avez pas choisi de travailler ensemble par hasard… Le groupe favorise les résonances. Cependant, même si vos problématiques sont en miroir, lorsque tu travailles pour Marie, tu fais partie de son système, de son histoire. »
Le temps d’avaler quelques parts de pizzas, Mabel nous propose ensuite de choisir un support pour nous représenter au sein de notre famille. Nous pouvons, au choix, nous dessiner au milieu des évènements importants pour nous, faire un arbre généalogique, ou tracer une ligne indiquant les soubresauts de notre vie et de celles de nos parents. Je choisis l’arbre généalogique. « Indiquez aussi les migrations, guerres, fausses-couches, séparations… » précise Mabel. « Entourez en vert ce qui est positif pour vous, en rouge le négatif. Nous cherchons les répétitions, les exclusions, les désordres… » À même le sol, penché sur une grande feuille de papier blanc, des feutres à la main, chacun se concentre sur son œuvre. Les arbres de certains sont couverts de couleurs. D’autres ont des chemins de vie pleins de virages. Je constate, dans mon arbre, l’apparition régulière d’adultères et de loyautés déçues. Deux longues lignes de rouge, côté paternel et maternel, déferlent sur moi. Je pense aux infidélités de mon ancien compagnon, que j’acceptais par peur de le perdre. Je suis amusée par ce mimétisme.
« Maintenant, annonce Mabel, encadrez l’événement le plus traumatique, puis ce qui vous donne de la force. » J’entoure le divorce de mes parents, et mon petit frère, Arthur, de 9 ans mon cadet. Mabel me propose de mettre en place ma constellation familiale : « Choisis, dans le groupe, des personnes pour représenter ton père, ta mère, tes deux frères, et le bébé que ta mère a perdu en cours de grossesse. » Si je l’avais évoqué, je suis étonnée que Mabel en parle comme faisant partie de la famille. Puis, aux représentants choisis : « placez-vous comme vous voulez. » Le père et la mère se mettent côte à côte, les yeux fixés sur l’enfant mort. Je ne me sens pas bien. Je vais prendre Arthur dans les bras. Ça va mieux. Je le protège, je suis réconfortée. Mais Mabel préfère l’installer avec ma mère. Je suis dépossédée, je retrouve la détresse éprouvée dans le premier exercice. Arthur me dit :« C’est ma place d’être avec elle. Toi, tu es ma sœur.» Je suis en larmes. « Et le bébé mort, comment se sent-il ? » demande Mabel. « J’aimerais que tu aies des enfants et que tu t’en occupes,» me dit-il. Je pleure à gros bouillons. Mabel introduit un nouveau personnage, mon futur amoureux. « Peux-tu aller vers lui ? » Non, je ne peux pas m’éloigner d’Arthur. Mabel me souffle quelques phrases à répéter à la représentante de ma mère: « Je suis ta fille. Arthur est ton fils. Et même si cela me coûte, je te le rends. » Je m’acquitte, avec difficulté. Mabel met fin à la constellation. Les représentants s’en libèrent par une petite danse et chacun retourne s’asseoir.
Mabel nous éclaire : « Cette constellation présentait deux désordres: le petit frère mort qui n’avait pas de place dans la famille ; la sœur qui prend celle de la mère.» Puis, à moi : « Tu mets tellement d’énergie à remplir une fonction qui n’est pas la tienne, que tu n’en as plus pour faire ta vie. Même si cela ne répond pas directement à ton questionnement sur le couple, cela t’y prépare.» Je suis sonnée. Je n’ai pas découvert d’incroyables secrets, comme je l’imaginais au regard de mon aversion pour les affaires familiales, mais j’ai le sentiment de tout voir différemment. Je me considère désormais dans un engrenage, et non plus seule avec mon libre-arbitre. Les infidélités dans mon arbre généalogique, le couple de mes parents, l’enfant mort, ma place auprès d’Arthur, ma difficulté à me tourner vers un nouvel d’amour… Tout cela fait sens, comme autant de pièces d’un puzzle.
Aux autres membres du groupe, désormais, de mettre leur constellation en place. Anne réhabilite une grande tante injustement exclue de la famille. Margot rend le poids d’un secret à son grand-père, qui l’assure en retour de son amour: « Je regarderais avec bienveillance que tu fasses ta vie et que tu sois heureuse. » En tant que représentante dans leurs constellations, j’ai tour à tour froid, chaud, des tremblements ou des larmes qui me viennent. Je m’étonne de la force de mes ressentis, de leur signification dans le système d’un autre, de la lumière finalement apportée sur les chemins des participants. « Le conflit est résolu quand les membres de la famille sont à la bonne place, prêts à assumer la responsabilité de leurs actes », explique Mabel. « Alors, l’équilibre est rétabli. Chacun peut prendre la voie de son propre destin sans craindre un retour du passé » Je pense aux fantômes des contes, qui viennent hanter les vivants jusqu’à ce que leur âme soit apaisée.
Après un tour de débriefing, Mabel met fin au stage. Je sors tourmentée de ces deux jours. Empêtrée dans des sentiments puissants et contradictoires. Rassurée d’avoir identifié ce qui me retenait pour rencontrer un homme. Triste et angoissée de devoir abandonner ce rôle de mère auprès de mon frère. Anxieuse, car je pressens que ces découvertes ne me laisseront pas indemne. Il me faudra plusieurs semaines pour apaiser la tempête qui m’agite. Plusieurs rêves tumultueux, pour comprendre mieux les liens entre mon roman familial et ma vie personnelle. Et de longues journées d’introspection pour parvenir à traduire l’expérience en un article. Mabel m’avait prévenue : « Soit patiente. C’est un travail très puissant, dont on ne sent pas la force tout de suite. »
Un mois plus tard, les questionnements sont tranquillisés et je sens, imperceptiblement, que quelque chose a changé. Comme si, très consciente de ma place dans le système familial, j’étais plus ancrée, et pouvais peut-être, ainsi, m’en libérer.

À lire :

L’expérience de l’arbre, guérir des mémoires familiales, de Maureen Boigen. Écrit par la psychothérapeute cofondatrice de l’association Généapsy, regroupant les praticiens de la psychogénéalogie transgénérationnelle, cet ouvrage en expose clairement les concepts. Un bon outil pour s’interroger sur son passé familial et dénouer son histoire. (Chiron éditeur)

L’histoire en héritage, roman familial et trajectoire sociale de Vincent de Gaulejac. Le sociologue élargit la psychogénéalogie aux déterminations sociales. Le secret de famille s’enrichit de haine de classes, de honte et d’envie sociale. Passionnant. (Desclée de Brouwer)

Aïe, mes aïeux ! d’Anne Ancelin Schützenberger. Dans ce best-seller, la psychanalyste à l’origine du mot « psychogénéalogie », met notamment en évidence le syndrome d’anniversaire et les non-dits dévastateurs. (Desclée de Brouwer)